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Histoire d’une notion. Il n’y a pas un terrorisme mais des terrorismes, différents dans leurs modes d’action comme dans leurs objectifs. Même au pluriel, le terrorisme reste difficile à définir tant le mot est polysémique. Le terrorisme peut être un acte individuel au prix du sacrifice de sa propre vie, comme celui des anarchistes du XIXe siècle. Ou l’acte de résistance du colonisé, exemple de dissuasion du faible au fort. Ou encore une action spectaculaire de terreur de masse, tels les attentats du 11-Septembre à New York. Le terrorisme peut être d’extrême droite comme d’extrême gauche. On peut tuer au nom de Dieu. Mais le « terroriste », c’est aussi celui dont on veut délégitimer le combat. Ainsi, il n’a jamais été possible à l’ONU ni à la Cour pénale internationale de se mettre d’accord sur une définition précise, et surtout acceptée par tous, du terrorisme.
« Le terrorisme n’est pas une idéologie mais un mode d’action qui peut servir les idéologies les plus variées », explique Elie Tenenbaum, responsable du laboratoire de recherche sur la défense à l’IFRI et auteur, notamment, de La Guerre de vingt ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXIe siècle (Robert Laffont, 2022). Logiquement, donc, « une organisation terroriste est une organisation dont la pratique d’actes terroristes est régulière, systématique, voire consubstantielle à son projet », souligne le chercheur. Cyrille Bret, professeur de sciences politiques à Science Po et auteur, notamment, de Qu’est-ce que le terrorisme ? (Vrin, 2018), n’en relève pas moins que « les définitions nationales et internationales sont généralement critiquées pour leur caractère tautologique : le terrorisme est ce qui crée la terreur ».
Si sa définition reste floue, la naissance de cette notion est bien circonstanciée. C’est la Révolution française, en particulier la Terreur en 1793-1794, qui invente le terrorisme moderne, la chose puis le mot. « Les premiers dans l’histoire à être appelés “terroristes” sont les conventionnels envoyés en mission en province pour assurer la répression du royalisme et du fédéralisme », rappellent Jean-François Gayraud et David Sénat dans Le Terrorisme (PUF, 2006), soulignant que « le terrorisme naît donc en haut, au cœur même de l’Etat ».
Le terrorisme est indissolublement lié à la violence révolutionnaire qui détruit le vieux monde et ses représentants. Ces idées seront reprises ensuite tout au long du XIXe siècle par les anarchistes partisans de « la propagande par le fait », de même que par les populistes russes, qui multiplient les attentats contre les têtes couronnées. Le sens du mot s’est désormais inversé. Il désigne une stratégie de contestation violente de l’Etat, au nom des classes exploitées, puis au nom des peuples opprimés dans leur lutte anticoloniale. Le terrorisme se pose dès lors comme l’arme des faibles, même s’il est souvent manipulé, notamment pendant la guerre froide, par des Etats comme la Syrie, la Libye, la RDA, voire directement par Moscou. A cet égard, il est possible de parler de terrorisme d’Etat.
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